5 biais cognitifs à éviter pour mieux manager son équipe

Au travail, vous veillez sûrement à prendre du recul, à être logique et rationnel. Pourtant, il vous arrive de prendre une mauvaise décision ou de faire des mauvais choix. Pourquoi ? Car vous êtes victime, comme tout le monde, de biais cognitifs !

Définition

Un biais cognitif est un mécanisme de la pensée qui vient perturber le traitement d’une information et déformer la réalité. Ce schéma de pensée, trompeur et faussement logique, facilite la prise de décision, puisqu’il simplifie le contexte : au lieu de se fier à un raisonnement analytique, le cerveau choisit une vision biaisée de la réalité en s’appuyant sur des préjugés, des croyances et des catégorisations qui faussent le raisonnement et entraînent, par conséquent, une erreur de diagnostic. Pour Olivier Sibony, consultant auprès de grands dirigeants pendant 25 ans, pour le compte du cabinet McKinsey et auteur de Vous allez commettre une terrible erreur, un biais cognitif est tout simplement “une manière de se tromper, universelle et prévisible, qui fausse notre raisonnement”.  Or, bien qu’humaine, cette manière que nous avons de nous tromper peut être évitée !

Alors, quels sont les principaux biais cognitifs dans le management et comment remédier à chacun d’entre eux pour mieux manager son équipe ?

Il existe plus d’une centaine de biais cognitifs différents. Nous en avons choisi 5 pour vous accompagner dans votre quotidien de manager et mieux gérer votre équipe.

1. Le biais de disponibilité

Aussi appelé biais de l’heuristique. ce biais se manifeste lorsque le cerveau privilégie les informations faciles d’accès, c'est-à-dire les informations immédiatement disponibles en mémoire, au moment de prendre une décision. Ces informations retenues relèvent souvent de l’affectif ou des stéréotypes alors que les informations plus récentes, souvent plus pertinentes, sont mises de côté.

Biais cognitif de disponibilité

Pour éviter ce biais, pensez à pousser la réflexion, à peser le pour et le contre, à prendre du recul sur une situation en faisant un pas de côté (une pause dans la journée, un moment calme, une promenade à l’heure du déjeuner)...

2. Le biais d’optimisme, ou d’excès de confiance

À la question “Etes-vous un bon manager ?”, que répondriez-vous ? A) Dans les meilleurs 25% ; B) Meilleur que la moyenne ; C) Moins bon que la moyenne ; D) Parmi les plus mauvais. Alors ? Car lorsque nous posons la question à des conducteurs, des enseignants ou des entrepreneurs, 90% répondent qu’ils sont meilleurs que la moyenne.

Biais cognitif d'optimisme

Alors oui, c’est bien d’être optimiste, mais un excès de confiance peut amener des managers à sous-estimer certains (gros) risques. Pour éviter cela, il s’agit de reconnaître ses faiblesses, d’évaluer ses réelles compétences et d’être à l’écoute des idées et intuitions du reste de l’équipe grâce à des points réguliers avec vos collaborateurs et à la mise en place d’un management participatif. Pour cela, vous pouvez mettre en place des check-ins hebdomadaires avec chacun des membres de votre équipe sur un outil comme Popwork  : cela leur permettra de vous faire remonter les informations importantes chaque semaine et vous donnera la visibilité dont vous avez besoin pour prendre les bonnes décisions.

3. Le biais de conformité, ou syndrome de Panurge

Ce biais consiste à suivre l’avis du plus grand nombre par peur d’être marginalisé. C’est avoir une opinion différente de la majorité mais ne pas oser l’exprimer par instinct de “survie sociale”. Or, ce mimétisme peut conduire l'entreprise à faire des grandes erreurs !

Biais de conformité

Commencez par prendre conscience de l’influence des autres sur vos décisions puis changez de perspective : posez des questions singulières et inattendues, que vos collaborateurs n’ont pas l’habitude d’entendre. Détonner pour mieux bousculer les esprits et les manières de penser. Si vous posez de meilleures questions, vous obtiendrez de meilleures réponses, et donc un meilleur raisonnement de la part de vos collaborateurs.

4. Le biais d’engagement, ou l’escalade d’engagement

C’est le fait de persister dans une voie alors que tous les voyants sont au rouge. Par exemple, votre intuition vous dit que le projet que vous menez depuis plusieurs années est voué à l’échec, mais l’énergie et le temps dépensés ont été tels que vous ne préférez pas y mettre un terme. Combien d’entreprises accumulent les investissements pour mettre au point un service ou produit innovant qui ne verra finalement jamais le jour ?

Biais d'engagement

Pour éviter cela, restez humble et soyez honnête, avec vous-même et votre équipe. Testez la méthode SMART pour mieux cerner les avancées concrètes et les objectifs de votre équipe, et ainsi mieux l’accompagner vers un grand objectif final et commun.

5. L’effet Dunning-Kruger

Il s’agit ici d’un phénomène où les personnes les moins qualifiées ont tendance à surestimer leurs compétences. Selon les psychologues David Dunning et Justin Kruger, moins une personne possède de connaissances ou de compétences, moins elle sera à même de se rendre compte de son ignorance.

Effet Dunning-Kruger

Ainsi, si vous managez un collaborateur dont l’impression de connaissance dépasse sa connaissance réelle, challengez-le, mettez-le face à ses contradictions ou face à ses faiblesses de raisonnement. Aussi, n’hésitez pas à lui partager du feedback régulier, y compris négatif, à lui proposer des formations pour gagner en compétences et l’aider à évoluer. Un bon manager accompagne son équipe, collabore avec elle. Et si vous avez peur de vous surestimer, vous, le simple fait de vous remettre en question peut changer la donne.

Alors, vous reconnaissez-vous parmi ces cinq biais ? N’oubliez pas, ce n’est qu’une petite partie des biais existants. Peut-être êtes-vous davantage victime du biais de statu quo (vous préférez la situation actuelle à une situation nouvelle par peur du changement) ou du biais de faux consensus (vous supposez, à tort, que tous vos collaborateurs sont majoritairement d’accord avec votre décision)... ?

La bonne nouvelle, c’est que chaque biais peut être contré, à condition que vous preniez conscience de ce schéma de pensée erroné sur lequel vous avez l’habitude de vous appuyer. Plus vous aurez l’habitude d’identifier différents biais cognitifs, plus vous aurez d’impact et mieux vous managerez !