Après la crise, le rôle des managers doit être totalement repensé

On nous avait promis la disparition de la vie en entreprise telle qu’on la connaissait. On nous annonçait l’émergence tout aussi effrayante d’un nouveau monde du travail qui serait fait de millions de télétravailleurs sur-connectés mais profondément isolés.

Il est vrai que la brutalité de la crise sanitaire et l’adoption massive du télétravail avaient de quoi inquiéter. Pour beaucoup d’entre nous, le télétravail était totalement nouveau : avant la crise, nous étions moins de 10% à télétravailler régulièrement et plus de 50% à n’y avoir jamais eu recours [1]. A cela s'ajoutait un blocage culturel : le télétravail était mal vu, perçu négativement par nombre de salariés et de dirigeants.

Retour au bureau ne signifie pas retour aux pratiques managériales d’avant la crise.

Dix-huit mois plus tard, force est de constater que la grande majorité des entreprises et des équipes ont su s’adapter à ce contexte inédit. Cela a été rendu possible par l’adoption de nouveaux outils de collaboration au sein des équipes (Zoom, Slack, MS Teams, Popwork, etc.).

C'est aussi et surtout grâce à la mobilisation au quotidien des managers. Ce sont eux qui ont assuré la continuité et maintenu le lien avec les salariés, en faisant évoluer leurs relations avec leurs équipes et en jouant de fait le rôle des RH sur bien des sujets.

S’il est encore trop tôt pour mesurer les impacts à long-terme sur nos modes de travail, des tendances se dessinent déjà. C’est pour mieux comprendre les changements à l'œuvre que nous avons décidé de mener avec Popwork une enquête auprès de 300 salariés et décideurs (direction générale, RH, managers) au cours des dernières semaines.

Pour la majorité des salariés le rôle des managers est plus important que jamais mais doit être totalement repensé.

Notre étude montre un monde du travail qui change et des équipes qui recherchent davantage de flexibilité et d’autonomie. C’est une évolution plus qu’une révolution dans la mesure où certaines attentes existaient déjà avant la crise. Sept enseignements principaux ressortent de notre étude :

  1. Le télétravail est plébiscité mais ce n’est pas la panacée pour autant : idéalement, les salariés voudraient passer 50% de la semaine en télétravail et 50% au bureau.
  2. Paradoxalement, le travail à distance a plutôt amélioré la collaboration au sein des équipes : pour près de 60% d’entre elles, le télétravail a renforcé le travail en équipe.
  3. Si la charge de travail a fortement augmenté durant la crise sanitaire et que les repères se sont parfois brouillés, le télétravail a aussi permis un meilleur équilibre vie privée / vie pro pour beaucoup de salariés.
  4. Le besoin de trouver du sens dans son travail n’a jamais été aussi fort : près de deux tiers des salariés disent s’interroger sur le sens de leur travail.
    Graphique camembert sur l'impact de la crise sur le besoin de trouver du sens dans son travail
  5. La relation manager-collaborateur est sortie renforcée de la crise sanitaire : 80% des salariés considèrent avoir une meilleure relation avec leur manager qu’avant la crise.
    Impact de la crise sanitaire sur la cohésion d'équipe
  6. Les managers se sont énormément investis pour aider leurs équipes à traverser la crise : ils passent en moyenne 11h par semaine à faire du management.
  7. Dans le même temps, plus de 50% des salariés estiment que le rôle des managers doit être totalement repensé.
    Sondage sur le role des managers dans l'avenir

Il y aura donc un avant et un après crise sanitaire. Retour au bureau ne signifie ni un retour en arrière ni retour aux pratiques managériales d’avant. Les salariés recherchent plus de sens dans leur travail mais aussi plus de liberté dans leur façon de travailler, à commencer par le choix du télétravail ou du présentiel.

C'est un modèle de travail hybride qui émerge. Un nouveau modèle qui laisse entrevoir de nombreuses opportunités pour les salariés mais aussi des risques pour les entreprises si les méthodes de management et les moyens et le rôle des manager n’évoluent pas dans le même temps.

Et vous, comment repenseriez-vous le rôle du manager ?

[1] source : INSEE 2017

Article initialement publié sur Linkedin