Le livre d’Amélie Nothomb Stupeurs et tremblements en témoigne parfaitement : les styles de management diffèrent fortement en Europe et en Asie ! En effet, le rapport aux émotions, au conflit, au temps, à la hiérarchie, et à la manière de communiquer sont toujours très différents d’un pays à l’autre. On ne dirige pas une entreprise de la même manière en France, au Japon, en Allemagne, aux Etats-Unis ou en Norvège.
La multiculturalité des équipes est très riche pour les entreprises, mais reste parfois un sacré défi pour les managers, qui doivent jongler entre les habitudes, tempéraments et réactions propres à chaque pays. Ce qui nous semble naturel en France ou en Europe ne l’est pas forcément ailleurs, et inversement. Il s’agit d’identifier ces différences, pour mieux les comprendre et travailler ensemble.
Alors, quelles sont les différences majeures entre les styles de management à travers le monde ? Comment naviguer intelligemment entre ces différences culturelles ?
Quatre exemples de styles de management dans le monde
Pour y voir plus clair, passons au crible le style de management de quatre pays : les Etats-Unis, la France, la Suède et le Japon.
🇺🇸 Le management aux États-Unis
Aux Etats-Unis, on se fixe un objectif et on s’y tient ! Les managers américains sont à la recherche des résultats avant tout. Guidés par la performance, ils vont à l’essentiel. “Pour motiver une équipe américaine, il faut parler du but visé, puis expliquer à chacun quel est l’objectif individuel à atteindre pour y parvenir” explique Erin Meyer, professeure en management interculturel à l’INSEAD et auteure d’une cartographie des différences dans les cultures de management.
Cette attitude “droit au but” peut paraître un brin agressive au premier abord, mais cela n’empêche pas les managers américains :
- d’être ouverts aux changements et à l’innovation. C’est un management plutôt visionnaire.
- de mettre les formes. “Aux USA, on apprend qu’il faut trois remarques positives pour une remarque négative", explique Erin Meyer Contrairement aux Français qui utilisent des “intensificateurs” lorsqu’ils sont en désaccord (tels que “totalement”, “pas du tout”, “complètement”), les Américains s’expriment surtout avec des "atténuateurs" (“éventuellement”, “peut-être”) qui ont le mérite d’adoucir la critique. De la même manière, les Américains ne lésinent pas sur les feedbacks positifs pour encourager leurs troupes, les Français s’attachant plutôt en général à ce qui ne va pas. En effet, les Américains diront plus facilement que c’est “fantastic” ou “amazing”, dans l’optique de créer un climat de confiance avec leurs collaborateurs. Erin Meyer a tendance a croire que ces différences culturelles viennent de l’éducation scolaire, où les professeurs américains sont très encourageants (“You’re almost there !”), contrairement aux Français (“Pas satisfaisant”).
🇫🇷 Le management en France
Alors que les managers américains aiment entrer rapidement dans le vif du sujet, les Français, eux, conceptualisent davantage leur pensée et leur message avant de prendre une décision. Très souvent, c’est la théorie avant la pratique. “L’intellectualisme est quelque chose qui est apprécié en France plutôt que moqué et on attribue au management français cette maxime: “en pratique c’est une bonne idée, mais est-ce qu’elle marchera en théorie ? ”. En France, il faut d’abord prouver quelque chose pour l’appliquer ensuite.
Le management en France est plutôt directif, mais il y a tout de même une possibilité de débat entre le collaborateur et le manager. Au pays de Descartes, contrairement à l’Angleterre, la Suède ou le Japon, on aime la confrontation d’opinions. D’ailleurs, les discussions se prolongent souvent à l’heure du déjeuner, où celui-ci est partagé entre collaborateurs, contrairement aux pays anglo-saxons qui prennent une petite pause de quelques minutes devant leur ordinateur. Cette ouverture au débat n’empêche pas un management plutôt traditionnel, autocratique et paternaliste, même si les consciences évoluent. Dans les entreprises françaises, les critiques peuvent encore être un peu rudes et démotivantes. Les Britanniques, par exemple, sont connus pour être beaucoup plus diplomates. La plupart des managers cherchent le compromis malgré le poids des traditions encore très présent.
🇸🇪 Le management en Suède
La palme de la bienveillance et du management démocratique et décentralisé est décernée aux pays nordiques. En Suède, la hiérarchie est très subtile, légère, on parle de “primus inter pares”. Cette expression désigne une personne qui préside une assemblée sans avoir de pouvoirs propres. Il y a une grande transparence entre les postes, l’égalité entre les membres d’une entreprise est formelle. En Norvège, il s’agit d’une "hiérarchie amicale”. Le patron reste accessible et les directeurs partagent les mêmes bureaux que leurs employés. C’est le bien-être des collaborateurs qui est au premier plan.
🇯🇵 Le management au Japon
Au Japon, c’est la notion de fidélité dans le travail qui prime. La preuve, les salaires sont composés en moyenne à 60% de primes. La réussite est toujours collective, le succès n’est jamais individuel, d’où l’importance pour le manager japonais de favoriser le consensus plutôt que le conflit. C’est un management qui met la responsabilisation du collaborateur au centre. Celui-ci veille à s’améliorer continuellement. Le manager prête attention aux membres de son équipe, afin d’anticiper toute crise ou malaise. L'intelligence émotionnelle est donc une compétence clé, très importante aux yeux des Japonais. Le Kaizen est apparemment une des techniques de management les plus reconnues au Japon. Inventée par Toyota, elle se base sur la méthode des 5 S :
- Seiri : débarrasser
- Seiton : ranger
- Seiso : nettoyer
- Seiketsu : ordonner
- Shitsuke : être rigoureux
🌐 Comment bien manager une équipe multiculturelle ?
Manager une équipe multiculturelle ne s’improvise pas. Voici 5 conseils pour bien manager une équipe internationale.
- Privilégier l’intelligence émotionnelle pour repérer les signaux faibles
- Être à l’écoute des différences culturelles, chercher à comprendre les manières de faire. Par exemple en Asie, on communique de manière plus indirecte et implicite qu’en Europe, où le management est plus direct et explicite.
- Personnaliser son management et avoir une connaissance des codes sociétaux de chaque pays pour ne pas commettre d’impairs ou pour savoir comment aborder un collaborateur. Ne vous comportez pas de la même façon avec tous les membres de votre équipe sous un prétexte d’équité. Veillez à adopter un management au cas par cas quand cela est possible.
- Essayer de parvenir à une compréhension réciproque entre vous et les membres de votre équipe.
- Organiser des team building pour favoriser le lien social entre chaque membre de l’équipe.
Enfin, exploitons la différence culturelle plutôt que de vouloir l’effacer. En effet, il s’agit de tirer le meilleur de chaque culture. La diversité est une force, les résultats des équipes multiculturelles peuvent être très surprenants et innovants !