Rutger Bremer est le fondateur et CEO de la start-up néerlandaise Momice. Il revient aujourd’hui pour Popwork sur cette expérience entrepreneuriale et humaine qui a vu Momice passer de 3 jeunes diplomés dans un garage à une équipe de 25 collaborateurs en quelques années ! Il nous explique également comment il a fait face à la crise et transformé cette épreuve en une opportunité.
Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus sur Momice ?
Chez Momice, nous aidons les organisateurs d'événements à mieux gérer leurs événements. Notre métier consiste à proposer des idées, organiser des formations et mettre à disposition un logiciel d'événement SaaS pour gérer l'inscription, la communication et l'évaluation avec les participants. Cela permet de gagner du temps, de donner un aspect plus professionnel et de mesurer les résultats des événements. Nous intervenons pour toutes sortes d'entreprises qui organisent des événements professionnels en présentiel, en ligne ou dans un format hybride.
Vous avez lancé Momice il y a presque 10 ans et vous êtes maintenant une équipe de plus de 20 personnes. Pouvez-vous nous décrire cette transformation et l'évolution de votre rôle ?
C'était et c'est toujours une véritable aventure ! J'ai appris tellement de choses sur les autres. J'ai exploré de nouvelles compétences auxquelles je n'avais jamais pensé. Nous avons commencé dans un garage à trois seulement alors que je venais à peine de finir mes études et n'avais donc aucune expérience en tant que fondateur ou dirigeant et encore moins d'une société de logiciels. Mon rôle à ce moment-là était plutôt celui de chef de produit et de responsable marketing. En 3 ans, nous sommes passés à une équipe de 9 personnes. C'était un défi, mais c'était faisable car la communication était facile et nous étions tous sur la même longueur d'onde.
La période où nous sommes passés de 8 à 15 m'a beaucoup changé. J'ai dû être davantage dans un rôle de directeur général car nous avions un plus grand nombre d'équipes devant travailler de manière plus indépendante. J'ai trouvé très intéressant d'innover dans la façon d'aider les membres de l'équipe à s'améliorer dans leur travail et à mieux travailler ensemble. Quand nous sommes passés à 25 (avant la crise sanitaire), la gestion des équipes est devenue de plus en plus prenante. J'ai dû mettre en place et m’appuyer sur une équipe de direction (CCO et CTO). Maintenir la culture de l'entreprise, identifier quand les collaborateurs vont moins bien ou être capable de "sentir" ce qui se passe dans l'entreprise est devenu plus difficile parce que je n'étais plus en mesure de parler individuellement à tout le monde.
En ce moment, j'essaie de trouver un meilleur équilibre entre le fait de m'appuyer sur mon équipe de direction et le fait d'avoir des conversations régulières avec tous les membres de l'équipe.
Quels conseils auriez-vous aimé qu’on vous donne il y a 10 ans lorsque vous avez lancé Momice ?
En interne : Découvre toi-même ce qui fonctionne le plus rapidement possible (marketing / ventes et support client), puis trouve quelqu'un pour te remplacer et aide-le à devenir meilleur que toi.
En externe : Identifie rapidement un segment de marché précis qui est réceptif à ton produit et sur lequel tu vas concentrer tes efforts. Reste concentré car cela t'aidera sur toutes les dimensions de l'entreprise : marketing, ventes et développement produit. Ce n'est qu'après cette première phase que tu pourras t’étendre à d'autres segments.
Être entrepreneur, c'est aussi construire et fédérer une équipe autour d'une vision commune. Les fondateurs et les PDG font-ils nécessairement de bons managers ?
Non, ce sont deux rôles très différents. Le passage du statut de fondateur à celui de dirigeant peut être difficile. Cela s’apprend sur le terrain : chacun doit trouver le rôle qui lui correspond.
Je pense qu'un fondateur doit s’entourer dès que possible de bons "managers" pour se libérer de la bande passante en interne et passer plus de temps à développer l’entreprise en externe. Il est important de ne pas se laisser submerger par les tâches quotidiennes. Certains fondateurs ont besoin de prendre de la distance par rapport aux opérations pour prendre de bonnes décisions stratégiques. D'autres ont besoin d'être très présents dans les opérations pour bien sentir ce qui se passe concrètement. Chaque dirigeant doit trouver son propre rôle.
Les dirigeants de startups sont souvent très impliqués dans le quotidien de leur entreprise. Comment avez-vous trouvé la bonne distance avec vos équipes ? Avez-vous suivi une méthodologie spécifique ou s'agissait-il plutôt d'intuition ?
C'est un véritable défi et j'ai encore parfois du mal à trouver le bon équilibre.
Dans certains cas, je me sens meilleur quand je m’implique dans les opérations pendant une certaine période pour avoir un meilleur ressenti avec les clients, l'industrie et les membres de l'équipe. Ensuite, il faut savoir passer à un rôle plus distant pour réfléchir à la stratégie et aux prochaines étapes de l'entreprise. Je n'ai pas suivi de méthodologie particulière. J'en parle avec différents "mentors" de mon réseau qui ont plus d'expérience. C’est plus une méthode artisanale, mais ça fonctionne bien pour moi !
Comment avez-vous géré la situation du Covid-19 avec vos équipes ? Pensez-vous que cela va changer la façon de travailler chez Momice sur le long terme ?
Au sein de l'entreprise, j'ai essayé d'être aussi transparent que possible pour tous les membres de l'équipe ; notamment sur la santé financière et les revenus de l'entreprise (nous le faisions aussi avant) et les plans futurs. J'ai demandé à tous les collaborateurs qui parlent à nos clients de faire des points quotidiens avec eux. Grâce à ces informations, nous avons pu déterminer la bonne stratégie à court et à long terme. Nous avons dû embaucher de nouvelles personnes pendant le Covid-19 mais aussi nous séparer de certains collaborateurs. Nous avons fait tout cela ensemble et je pense que cela a rendu l'équipe actuelle plus forte.
En externe, nous avons vu cela comme une opportunité de montrer notre motivation, qui est d'aider les responsables d'événements à organiser de meilleurs événements. Nous avons donc été BEAUCOUP plus actifs dans notre marketing et notre accompagnement des clients. L’organisation d’événements online était quelque chose de nouveau pour beaucoup de monde. Comme nous avions de l'expérience, nous nous sommes lancés et avons partagé autant de connaissances que possible avec des webinaires, des événements et du contenu.
Cela a apporté beaucoup de choses positives chez Momice sur le long terme. La crise actuelle nous a même fait changer notre proposition de valeur, notre stratégie et nos services (ce qui a également créé de nouvelles sources de revenus). Notre notoriété s'est considérablement améliorée et nous bénéficions d’un effet d’accélération avec le Covid-19. Nous sommes actuellement en train de mettre en œuvre cette nouvelle stratégie et ces nouveaux services.
Quelles sont vos priorités chez Momice pour les mois à venir ?
La priorité absolue est de déployer notre nouvelle proposition de valeur et de faire de Momice bien plus qu'une société de logiciels. Nous voulons que cela soit plus clair sur notre site web, notre contenu et dans les services que nous offrons.
Cette nouvelle stratégie s'appliquera à nos clients actuels et futurs. Nous avons l'impression de prendre un nouveau départ ! Nous espérons que cela nous permettra de renouer avec la croissance que nous avions jusqu'à fin 2019.