Un manager qui éprouve du mépris envers ses collaborateurs et tyrannise son équipe… Cette manière de manager vous évoque quelqu'un ou l’un de vos proches en est victime et souffre ? Il est essentiel de savoir comment bien repérer un manager toxique pour s’en protéger.
Antipathique et peu à l’écoute, un manager toxique a rarement conscience qu’il est un mauvais manager. Il n’hésite pas à faire usage d’un style de management directif et autoritaire pour imposer son opinion. Peu enclin au changement et souvent trop centré sur les résultats, ce manager fait preuve de malveillance et démontre peu d’intérêt et de chaleur pour les membres de son équipe. Il n’hésite pas à sévir de manière excessive et ne reconnaît jamais ses torts.
Harcèlement, chantage, pression inutile, manipulations, injustices, manque de respect, propos sexistes ou racistes… Le management toxique prend plusieurs formes et touche bien plus de travailleurs qu’on ne l’imagine : d’après l’étude "The workforce view in Europe 2019”, un Européen sur cinq en serait victime.
Bien que ce type de management soit de plus en plus dénoncé sur les réseaux sociaux, il reste encore tabou. Les mauvais managers de ce profil font beaucoup de mal et sont facteurs de risques psychosociaux chez les travailleurs. De plus, ils nuisent à l’épanouissement et à la productivité des équipes. Repéré trop tardivement, il peut même mener au burn-out. Comment anticiper une situation critique et reconnaître un manager toxique ? Comment s’en protéger ?
Première étape : reconnaître un manager toxique
Il existe plusieurs types de managers toxiques. Il s’agit de relever le principal trait de personnalité de votre interlocuteur pour savoir à qui vous avez affaire :
- Le manager tyrannique manque cruellement de gentillesse. Il fait régner l’ordre en intimidant ses collaborateurs ou en identifiant publiquement leurs faiblesses. Ses critiques et remarques agressives sapent l’estime des équipes qui se sentent dévalorisées.
- Le manager “robot” ne connaît pas l’empathie. Doté d’une faible intelligence émotionnelle, il voit les membres de son équipe comme des ressources plus que comme des individualités ! Ce sont les chiffres et les résultats qui importent. Il ne cherche pas à établir de liens avec ses collaborateurs et ne se préoccupe pas de leur développement ou de leur motivation. Il ne cherche ni à connaître ni à comprendre son équipe qui est souvent en manque de reconnaissance.
- Le manager “meilleur copain” a un comportement ambivalent. Il se confie, vous invite chez lui, mélange vie privée et vie professionnelle. Les limites ne sont pas claires donc vous ne savez pas toujours sur quel pied danser. Fiable d’apparence, il prend peu de décisions par peur de froisser ses collaborateurs-amis. Son management est bancal.
- Le micro-manager contrôle de manière excessive. Il ne fait pas confiance et a besoin d’être au centre des tâches donc il ne sait pas déléguer et surveille son équipe en permanence. Ce comportement malsain stresse les collaborateurs, qui se sentent impuissants, voire emprisonnés dans des tâches qui ne sont pas à la hauteur de leurs compétences. Véritable poison au quotidien, il sème le trouble et fait douter les collaborateurs sur leur potentiel.
- Le manager incompétent n’a tout simplement pas le bagage professionnel suffisant pour le poste. Il a été recruté par défaut, ou par hasard. Son incapacité à montrer l’exemple et à bien manager est source d’une grande frustration, d’irritation et d’injustice chez ses collaborateurs.
Quand le management devient toxique, il peut prendre plusieurs formes. Identifier le type de management toxique auquel vous êtes confronté, mettre des mots sur ce que vous vivez, c’est la première étape qui va vous permettre ensuite de vous sortir de cette situation.
Deuxième étape : communiquer, pour mieux se protéger et anticiper une ambiance délétère !
Identifier le type de manager toxique vous permettra de prendre du recul par rapport à votre situation, de mieux vous protéger et d’éviter l’épuisement. Ensuite, afin d’améliorer votre quotidien, essayez dans un premier temps d'adapter votre réaction à votre interlocuteur, cela modifiera peut-être, par ricochet, son comportement. Cela ne signifie pas que vous devez vous effacer ou faire preuve de soumission. Il s’agit dans ce cas de limiter les dégâts que pourraient causer ce manager instable.
Lorsque vous travaillez sur des projets en commun, choisissez le biais/canal de communication avec lequel vous êtes à l’aise pour entrer en contact avec cette personne. Certaines personnes seront plus en confiance à l’écrit pour ne pas se confronter au comportement d’un manager indiscipliné qui imposera son rôle hiérarchique qui cherchera à contester chaque argument.
D’autres personnes seront davantage à l’aise pour exprimer leur ressenti à l’oral.
Voici quelques conseils pour mieux communiquer avec chaque type de manager :
- Face à un manager tyrannique par exemple, il est conseillé de rester le plus sobre et factuel possible, d’éviter de rentrer dans un rapport de force et de privilégier l'écrit, pour garder une trace de vos échanges. En effet, chaque mot sorti de votre bouche peut-être utilisé à des fins nuisibles à votre égard. Ce type de manager, très réactif, n’hésitera pas à vous couper la parole pour vous dévaloriser. Privilégier l’écrit est une manière de se protéger de tout projectile de sa part.
- Le manager robot a tendance à ne pas instaurer de dialogues et à rester très factuel. Favorisez l’oral avec ce type de manager pour instaurer un dialogue en posant des questions ouvertes. Stoïque et peu réceptif, il est important de ne pas se laisser déstabiliser s’il ne cherche pas à rebondir sur ce que vous dites.
- Votre manager “super copain” est un chef d’équipe avec qui aura tendance à prendre une posture moins professionnelle avec vous. Vous pouvez poser vos limites en début de conversation en le guidant pour instaurer un climat plus professionnel. Le ton de votre voix et votre regard ont un impact sur la dimension de la conversation. Un ton nonchalant et des yeux rieurs ne sont pas propices à une conversation liée au travail.
- Face à la brutalité d’un micro-manager, il n’est pas question de lui prouver que vous valez plus que ce qu’il pense. Prenez du recul sur son style de management et le rôle de manager qu’il exerce au sein de son équipe. Si votre qualité de vie au travail est impactée par cette seule et même personne, vous devez apprendre à vous détacher des tensions que vous ressentez ou prendre la décision de quitter votre entreprise pour ne pas subir cette politique dictatoriale au quotidien.
- Si vous avez conscience que votre manager est incompétent, vous pouvez l’aider à mieux vous accompagner en partageant du feedback regulièrement. Manager son manager n’est pas une mince affaire, mais cela vous permettra de faire évoluer la relation dans le bon sens et d'améliorer vos relations.
L’une des difficultés à lutter contre le management toxique c’est que nous n’en sommes pas toujours complètement certains. Vous êtes collaborateur et vous vous demandez si votre manager n’a pas parfois un comportement toxique ? Peut-être même êtes-vous manager et vous vous voulez être sûr que vous n’êtes pas toxique parfois pour votre équipe ? Dans le doute, nous préférons souvent ne pas en parler. Pourtant le simple fait que vous vous posiez ces questions est la preuve qu’il y a un risque dont vous devez vous prémunir.
Il faut donc discuter de la situation dès que possible avec d’autres collaborateurs ou managers. Expliquez la situation le plus factuellement possible et demandez aux autres ce qu’ils en pensent. Cela vous permettra d’avoir des feedbacks constructifs et des avis différents sur un même manager ou sur vous-même.
Et après ?
Si la toxicité du management est avérée, l’effet de groupe peut donner l’élan nécessaire pour en parler à la direction et trouver des solutions efficaces et adaptées à la situation, telles qu’une réorganisation des équipes et des conditions de travail, une discussion approfondie avec le manager toxique pour qu’il prenne conscience de son comportement ou une mise en place de sessions de coaching pour rebooster la confiance des salariés.
A minima, même si vous n’êtes pas dans un cas de management toxique, le fait d’avoir abordé le sujet permettra de prendre conscience des axes d’amélioration des managers. Cela contribuera à faire progresser et évoluer la posture de manageriale dans votre entreprise.