Coach professionnelle accréditée EIA (norme professionnelle), j’accompagne entreprises, managers et particuliers vers le mieux-être relationnel, la gestion des émotions et l’efficacité opérationnelle.
Ancienne chargée de production d’émissions de talk-shows, je m’intéresse aux relations à soi et aux autres via l’image que l’on a de soi ou celle que l’on donne à voir.
L’écran de nos ordinateurs devient le filtre au travers duquel nous lisons le réel de nos relations hiérarchiques ou commerciales.
Et comme « la carte n’est pas le territoire » : nous ne portons à notre conscience qu’une infime partie de la réalité ce qui ouvre la porte à nos biais cognitifs et à nos erreurs d’interprétation.
L’écran de notre ordinateur, sorte de hublot par lequel nous regardons « notre monde », se transforme selon notre vécu de la situation « ici et maintenant ».
Notre état d’esprit, nos schémas de pensées, nos émotions, nos croyances, nos expériences passées viennent se refléter dans cet écran et en brouiller ce que l’on y voit.
🛡 L’écran bouclier
J’ai été appelée par une entreprise pour le coaching professionnel de Gilles un manager de 35 ans adepte des méthodes « agiles ».
Gilles vient d’être nommé manager d’une équipe de développeurs informatiques et de commerciaux.
L’équipe travaille ensemble depuis une dizaine d’années. Les membres de l’équipe se connaissent bien et leurs liens affectifs sont forts.
Gilles se rend compte assez vite que son mode de management ne passe pas. Un clash a fini par l’en convaincre.
Lorsqu’à son arrivée, Gilles a proposé d’installer l’application de messagerie Slack pour fluidifier la communication, l’équipe lui a répondu : « si tu veux nous parler, lève-toi et traverse le couloir. Nous n’avons plus l’âge de jouer aux jeux vidéo ! ».
C’est à ce moment que Gilles a souhaité bénéficier d’un coaching professionnel avec pour objectif l’amélioration de sa communication avec l’équipe.
Mon accompagnement a permis à Gilles de comprendre que ce n’était pas un problème de génération ni un problème majeur avec Slack ou toute autre forme de messagerie. C’était un problème émotionnel dont l’écran a été le révélateur.
Gilles percevait un groupe soudé, « face » à lui et inconsciemment, il sentait plus en sécurité de leur « parler » derrière un écran.
L’écran, tel un bouclier, le protégeait d’une confrontation directe avec le groupe.
La messagerie Slack lui permettait d’éviter l’effet de groupe en restant dans la sécurité du « one to one » et dans sa zone de confort !
Gilles était inquiet dans sa relation avec le groupe : rejet de sa personne, de ses méthodes, de son relationnel, etc. La messagerie Slack a été en première intention, plus ou moins consciente, une stratégie d’évitement.
L’écran était pour lui un bouclier de protection pour « faire face » à l’équipe.
Par le processus de questionnement du coaching, Gilles a pris conscience de l’importance de la communication informelle dans le fonctionnement de cette équipe « affective » où chacun prend soin de l’autre.
J’ai accompagné en coaching Gilles sur l’élaboration de solutions lui permettant de passer au-delà de son inconfort relationnel. Aujourd’hui il accepte des relations moins directes et informelles qu’autrefois il aurait pris pour une perte de temps.
Il a pris conscience que pour cette équipe affective, c’était là que la performance se construisait : envie de faire ensemble, co-construction de solutions, dynamique d’équipe.
Résultat : Gilles a lâché le bouclier de son écran et a pu entrer en communication pour « faire avec » son équipe. Son inconfort relationnel l’a quitté.
L’écran Slack redevient un outil support d’une communication fluide et apaisée avec son équipe.
🚔 L’écran paradoxal
Dans cette période de travail hybride, présentiel/distanciel, où le professionnel peut s’emparer du personnel aussi bien que de nos lieux de vie, l'écran devient bouclier de protection en même temps qu’instrument d’intrusion.
Chacun a sa perception de l’écran selon le moment, sa position hiérarchique, sa confiance en lui et son estime de soi.
Ami ou ennemi, l’écran devient un miroir de nos projections et de nos jugements sur nous-mêmes autant que sur nos interlocuteurs.
Si nous n’y prenons garde, notre bienveillance s’éloigne au profit des projections et des jugements autant sur nous que sur nos interlocuteurs.
🪞 L’écran miroir narcissique :
- Une histoire pleine d’émois entre Moi et Moi
Le syndrome de Blanche-Neige : Écran, mon bel écran, qui est le plus beau, le meilleur à l’oral, le mieux organisé pour télétravailler, etc. ?
Dans cette métaphore, nous incarnons en permanence la méchante Reine dans un procès à charge envers nous-mêmes.
Comment allons-nous choisir de nous accepter ou de nous transformer pour répondre aux exigences de la Reine au regard sévère et aux critiques sans nuances ?
« Le télétravail et les écrans forcent les gens à faire face constamment à leur image et à prendre conscience de leurs imperfections car ils se regardent en permanence dans la petite vignette (de visioconférence) comme dans un miroir. Ils sont, malgré eux, dans un rapport narcissique. » explique la psychologue Isabelle Pailleau.
- De quoi j’ai l’air et de quoi j’ai peur ? Et si je n’étais pas parfait ?
Les applications de visioconférence nous proposent des filtres d’arrière-plans qui ont pour effet de faire de nous le point d'attention.
Nous sommes dans la comparaison entre toutes ces vignettes juxtaposées, tentés par la recherche de la moindre imperfection chez nous (jugement) ou chez les autres (projection). Projection : nous observons en regardant l’autre au travers notre schéma de pensée.
Jugement : nous nous sentons observés et jugés et notre critique intérieur en prend le relai.
Les années 2020 - 2021 ont vu 20 à 30% d’augmentation en demande de chirurgie esthétique selon la profession avec une baisse de l’âge moyen des clients hommes et femmes.
Ce chiffre s’explique par notre rapport à notre propre image : en visioconférence, notre image est à l’écran en permanence et… nous sommes devenus adeptes des selfies !
Depuis le coaching de Gilles, j’ai travaillé avec plusieurs clients sur leur rapport à l’écran.
L’écran devient révélateur de notre confiance en nous et de nos peurs dans nos relations à nos interlocuteurs.
💡 L’écran révélateur
Écran, écran quand tu nous tiens… que nous dis-tu de nous ?
Seuls avec soi en miroir, quelle image projetons-nous sur nous ?
Notre écran devient un miroir dans lequel notre image s’impose à nous.
Nous nous observons. Nous nous comparons en permanence.
Ce qui est « défaut » à nos yeux peut se transformer en complexes : double-menton, rides, cernes sous les yeux, … nous ne voyons plus que cela.
Nous devenons à nos yeux « trop » : vieux, jeune, gros, maigre, fatigué, etc.
Nous n’assumons pas de voir cette image de nous qui ne ressemble pas à l’image que nous avons de nous-même.
A noter que souvent un éclairage approprié, un positionnement différent de l’ordinateur (légère contre-plongée), l’ajout d’une webcam plus performante nous permettrait d’améliorer le rendu de la petite vignette objet de toutes nos attentions.
S’épanouir derrière un écran est s’autoriser à étendre sa zone de confort jusqu’à l’acceptation et la réévaluation de nos peurs comme de nos complexes.
Se montrer et parler derrière un écran implique de nous accepter dans toute notre intégrité : traverser nos peurs, accepter la possibilité du rejet, de l’injustice, de l’abandon, de l’humiliation et du jugement pour y puiser l’énergie d’entrer en relation avec nos interlocuteurs derrière leur écran.
Il s’agit de prendre conscience que nous ne nous voyons pas tels que les autres nous voient de la même façon que nous avons du mal à reconnaître notre propre voix sur un enregistrement.
👀 L’écran de contrôle
Quand les éléments directs de contrôle ont disparu, comment faire confiance à ce qui n’est plus sous ma vue ? Comment savoir si mon collaborateur travaille ou joue avec son chat ?
Comment être sûr qu’il est concentré sur ses tâches ?
Le management à distance nécessite une maturité de chaque côté de l’écran :
Quel degré d’autonomie donner ? Les collaborateurs les plus motivés ne sont pas toujours les plus compétents. L’inverse est tout aussi vrai !
D’un côté les risques du micro-management sont grands mais de l’autre quel risque le manager prend-il à déléguer ? Cette question interroge notre rapport à l’incertitude, à notre capacité à faire monter en compétences nos collaborateurs et par voie de conséquence à la place que l’on prend en tant que manager.
L’écran devient le révélateur du positionnement de leader du manager et parfois de sa crise existentielle : Et si mes collaborateurs pouvaient faire aussi bien sans moi ? A quoi je sers dans un dispositif hybride ?
🤝 L’écran de confiance : clé du succès du travail hybride
La confiance ne se décrète pas, elle se construit et se communique dans un cercle vertueux.
C’est d’autant plus vrai dans la communication au travers d’un écran où les ambiguïtés viennent nourrir les interprétations, sources de stress et d’incompréhensions.
Les non-dits, les silences sont des signaux faibles d’importance majeure.
👉 En conclusion : et si l’Écran était une source de développement ?
L’écran devient révélateur de problématiques préexistantes et source de développement par leurs résolutions.
Tout à la fois bouclier, paradoxal, miroir, révélateur, contrôle ou confiance, l’écran incite le manager à changer de regard sur lui-même, son management et ses interactions avec ses collaborateurs.
L’inconfort qu’il produit nous motive intrinsèquement au changement.
Ainsi nous élargissons notre zone de confiance de l’intérieur : de soi vers les autres.
L’écran devient une source de progrès.
J’interviens régulièrement en coaching de performance pour accompagner les managers dans la mue d’un positionnement de « pilote » qui gère, organise et contrôle vers celui d’un « animateur » qui oriente le mouvement, facilite l’adaptation et crée les conditions de la coopération.
L’accompagnement, en présentiel ou en distanciel, passe par le cadrage des objectifs, l’exploration des possibles jusqu’à la prise de conscience et l’élaboration de solutions qui aboutiront à la réalisation du changement.